mardi 2 décembre 2014

[Archive 9 avril 2012] L'auto-promotion, l'apanage des auteurs auto-édités ?

Il est généralement admis que la réussite et la visibilité d'un auteur autoédité passent entre autres par une auto-promotion massive. Pour un auteur publié de manière traditionnelle, il est rassurant et réconfortant  de se dire qu'il va pouvoir entièrement se reposer sur son éditeur pour cet aspect des choses. D'autant que la promo est un peu la syphilis de la profession, la maladie honteuse. Hélas, la réalité est bien éloignée de cette conception idéaliste des choses.
 
Quel est à votre avis le tout premier acte promotionnel d'un auteur ? La réponse est simple. La toute première auto-promo, c'est de faire lire à autrui ses textes. Cela peut être un proche ou quelqu'un de plus éloigné, peu importe. L'auteur franchit le pas de la publicité qu'il donne à son oeuvre, par essence, quand il la fait lire à quelqu'un d'autre.
 
Donc, l'un des tout premiers actes d'auto-promo, n'en doutez pas, consiste à envoyer votre manuscrit à un agent littéraire ou un éditeur. Certes, il peut exister des cas où la démarche est effectuée par un proche qui croit énormément en l'auteur et fait parvenir ses écrits à un éditeur, mais même dans ces cas-là, l'auteur donne de manière plus ou moins tacite son consentement.
 
Maintenant, en dehors de l'écriture, qu'est-ce qui, en tant qu'auteur autoédité, me prend le plus de temps et me demande le plus d'énergie ? Les séances de dédicaces, bien sûr. Et quel est le point commun entre un auteur autoédité et un auteur publié qui entend vraiment prendre sa carrière en main et faire connaître ses livres tout en augmentant sa notoriété personnelle ? Les séances de dédicaces. La rencontre avec le public.
 
Quand un Bernard Werber va signer deux cents romans en une journée au Salon du livre Porte de Versailles, ne me dites pas qu'il le fait seulement pour les beaux yeux de son éditeur. Même chose quand il fait la tournée des plateaux télés ou participe à un shooting photo pour que sa trombine apparaisse sur les affiches du métro. L'éditeur et l'auteur mettent ensemble au point une marque qui doit devenir connue, celle du nom de l'auteur. Pour celui-ci, on est bien tout à la fois dans la promo et l'auto-promo.
 
Comme on le voit, là où l'objectif est le même, les moyens de l'obtenir peuvent parfois se rejoindre. En ce qui concerne l'auto-promo, la seule différence notable que je vois entre un autoédité et un auteur publié en quête de notoriété, c'est l'envoi de SP (Service Presse), ces livres à destination des médias. L'autoédité les envoie lui-même là où l'éditeur se chargera de les envoyer à la place de l'auteur publié. Il s'agit d'un domaine extrêmement spécifique, et qui représente une activité très restreinte - et d'autant plus que l'efficacité des SP au regard de la publicité donnée à l'oeuvre devient de plus en plus discutable.
 
Pour le reste, on ne parlera plus d'auto-promo, mais de logistique et d'apport financier et relationnel : oui, un autoédité doit s'occuper de l'aspect logistique, à savoir l'organisation des séances de dédicaces et le recouvrement des factures. Oui, il doit aussi financer ses livres. Oui, une grande maison d'édition apporte de son côté en plus un budget marketing, des listes de diffusion et un réseau relationnel.
 
Mais croire, pour un auteur traditionnellement publié, qu'il pourra entièrement se reposer sur son éditeur pour la promo relève du fantasme. De nombreux auteurs publiés ont leur blog, leur page Facebook ou leur Twitter, et mettent eux-mêmes la main à la pâte.
 
Alors évidemment, il est possible, voire souhaitable que dans un avenir assez proche, l'aspect promotionnel perde de son importance du fait de la pertinence des algorithmes des sites de vente en ligne comme Amazon. On n'aurait plus à faire connaître nos livres, puisque les lecteurs les trouveraient d'eux-mêmes.
 
Néanmoins, il faudra toujours assurer un point de départ à son activité d'auteur, un lectorat de base. Que cela soit en parlant de son livre à ses proches ou en faisant sa promo sur le net, l'auteur ne pourra se défausser de cette responsabilité inhérente au métier. J'ai la faiblesse de croire que l'on peut garder sa dignité d'homme ou de femme tout en s'inscrivant dans cette démarche. Pour moi, la véritable indignité consisterait à donner mes droits à un éditeur pour quelques miettes.

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